Le 16 octobre, alors qu’il quitte son lieu de travail, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie-EMC est assassiné devant le Collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine. Autour de nous, personnels de l’éducation, l’émotion est grande. Les vagues de soutien vont et viennent, du soutien à la victime au soutien face à la peur. Car au fond, Samuel Paty, c’est nous. Son métier, c’est le nôtre. Et puis l’on porte le regard un peu plus loin. On élargit le cercle, on écoute ce qui se dit en dehors. Et là, les larmes deviennent bien amères. De part et d’autre, durant toutes les vacances scolaires, les personnalités politiques, les éditorialistes, chroniqueurs, invité-e-s innombrables se succèderont sur les plateaux de télévision, faisant semblant de débattre dans un tourbillon de vacuité. Notre collègue a été assassiné parce qu’il a proposé à ses élèves un cours sur la liberté d’expression. Parce que de funestes circonstances ont permis à son assassin de pouvoir commettre son crime, alors même qu’il avait été signalé de nombreuses fois et que notre collègue avait alerté sa hiérarchie sur les risques qu’il encourait. Le Ministre de l’Éducation nationale a alors promis : nous vous donnerons des ressources, nous vous cadrerons (car l’enseignant-e a manifestement besoin d’être cadré-e dans ses pratiques, et non d’être protégé-e sur son lieu de travail), nous vous donnerons un temps pour préparer l’hommage qui sera rendu à votre collègue dans tous les établissements de France.
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